La France compte 16.500 bibliothèques, médiathèques et points de lecture, soit plus que le nombre de bureaux de Poste (le pays en compte environ 9000), fréquentés en 2016 par 27 millions de personnes. Alors que vient d’être remis au Président de la République un rapport sur la Lecture Publique préconisant notamment un élargissement des horaires d’ouverture des bibliothèques et médiathèques, un point sur l’ouverture de l’Orangerie les week-ends à Lunéville, vue par deux jeunes vacataires.

• 14 heures.

Émeline et Aurélie s’activent déjà à sortir de l’ascenseur les lourds chariots chargés de livres. Le coup de feu sera pour plus tard, généralement entre 15h et 17h, mais déjà les premiers retours s’effectuent et il faut rapidement remettre les ouvrages en présentation sur les rayonnages. Chaque livre est contrôlé, page à page, pour vérifier son état mais « surtout parce qu’il  nous arrive souvent de retrouver des marques pages, des dessins d’enfants ou des cartes postales qu’il faut bien sûr enlever » précise Aurélie 

• 14 heures 30.

Les livres s’amoncellent en piles. Après le contrôle, il faut en scanner les puces RFID pour que la base de données les considère à nouveau disponibles à l’emprunt. Certains bipent, signe qu’ils sont déjà réservés, et donc mis de côté en attendant qu’on vienne les emprunter. Les autres retrouvent les étagères du secteur Jeunesse autour desquelles naviguent déjà les premiers jeunes lecteurs et leurs parents. Émilie et Aurélie s’activent entre les rayonnages, les livres à ranger sous le bras. « Comme les usagers scannent eux-mêmes leurs emprunts, nous sommes plus disponibles pour répondre aux sollicitations » précise Émeline. Et elles ne manquent pas, les questions : trouver ce mystérieux ouvrage à la couverture rouge mais dont-je-ne-me-souviens-plus-du-titre vu à la télé ou  vous-savez-ce-livre-qu’on-lisait-tous-dans-les-années-70-et-que-j’aimerai-tant-faire-découvrir-à-mes-petits-enfants.

• 16 heures.

Ca y est le secteur jeunesse se remplit. Les tout petits s’installent sur le moelleux tapis rouge un livre cartonné entre les doigts, des ados s’installent en grappe autour des fauteuils et les parents partent choisir dans les bacs les futures histoires à raconter aux bambins. Le rythme s’accélère, les chariots sortent de l’ascenseur et nos deux vacataires brassent des centaines de livres.

«Ce que je préfère faire ? » s’interroge Émeline les bras chargés de bandes dessinées « sans doute ranger les ouvrages. Ça peut sembler rébarbatif mais pour nous, qui venons d’arriver, ça nous permet de nous familiariser avec le fond du catalogue et donc de mieux conseiller les emprunteurs.» Aurélie quant à elle saisit l’importance du savoir acquis lors de sa formation au Diplôme Universitaire «Métiers du Livre» à Nancy : «de maîtriser le vocabulaire du livre : les distinctions entre album, imagier, conte, documentaire et d’avoir déjà de bonnes bases dans les cotations et le catalogage m’ont permis d’être assez rapidement à l’aise à l’Orangerie.» 

• 17 heures.

Malgré les sollicitations permanentes, les chariots de retours qui arrivent toujours plus nombreux et les livres à contrôler et nettoyer, nos deux jeunes vacataires affichent un sourire à toute épreuve : « Une institutrice vient de me donner une liste de 50 ouvrages à préparer pour son rallye-lecture de la semaine prochaine et en même temps j’ai dû montrer comment fonctionnait la borne RFID à des jeunes filles pas encore tout à fait à l’aise avec la machine » explique Émeline dans un grand sourire. « C’est une expérience excellente, vous imaginez toutes les choses différentes que nous faisons dans une journée ? Moi je ne soupçonnais pas la diversité des savoir-faire du métier de bibliothécaire ni celle des publics qui fréquentent l’Orangerie » indique celle qui s’attache tous les week-ends à consolider son expérience professionnelle.

• 18 heures.

Le public se clairseme dans les allées de l’Orangerie tandis qu’Émelie et Aurélie s’attèlent à ranger les derniers livres et remettre en place les ouvrages qui trainent çà et là. « Nous faisons un dernier tour chaque soir pour contrôler le rangement dans les bacs et nous assurer que tout est en ordre : ça bouge pas mal les week-ends » indique Aurélie. « Les grandes tendances du moment ? En première lecture, c’est Max et Lili qui marche bien. Chez les ados, les ouvrages adaptés au cinéma restent beaucoup demandés : Harry Potter et Hunger Games en tête. Après, tout ce qui est dinosaure, manga ou Spirou continuent de bien marcher également. Vous avez vu toutes les références disponibles ici, comment voulez-vous ne pas trouver votre bonheur ? »

Les usagers, eux, semblent l'avoir trouvé et nul doute que nos vaillantes vacataires y sont pour quelque chose. Après tout, le vrai bonheur ne consiste-t-il pas ... à faire des heureux ?