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ADDEVA 54 défend les salariés exposés à l’amiante.

L’ADDEVA, Association de Défense des Victimes de l’Amiante, en Meurthe-et-Moselle, défend les droits des victimes de l’amiante et des personnes exposées en les aidant dans leurs démarches de reconnaissance de maladie professionnelle. Mais l'ADDEVA 54 se bat aussi pour éradiquer ce matériau toxique et trouver des solutions adaptées en matière de recyclage et de prévention. Rencontre avec Bernard Leclerc, son président  et Martine Badina, deux anciens travailleurs de l’usine TRAILOR à Lunéville, ainsi qu’avec Dominique Leclerc.

  • Qu’est-ce que ADDEVA 54 ?

Bernard Leclerc : je suis à l’initiative de l’association ADDEVA 54 en 2003. Elle a été créée dans un contexte difficile du dépôt de bilan de la société Général TRAILOR à Lunéville et du plan social. L’association compte 1000 adhérents, dont 9 membres bénévoles actifs et 16 membres au conseil d’administration composé de représentants des salariés  concernés par l’exposition à l’amiante. Nous intervenons dans le Grand Est et avons contribué à la création d’autres associations de lutte contre l’amiante, formant au niveau national la CAVAM (Coordination des Associations de défenses des Victimes de l’Amiante et des Maladies professionnelles). Notre objectif est de défendre les droits des personnes concernées par les maladies professionnelles et de renforcer la prévention afin d’éviter que l’amiante ne fasse de nouvelles victimes. Une dizaine de bénévoles assure la tenue des permanences de l’association et accompagne les victimes et leurs familles dans la constitution de leurs dossiers.

Les salariés exposés à l’amiante vivent dans la crainte constante de voir se développer une maladie grave ou mortelle en raison de la présence de fibres d’amiante dans leurs poumons.
  • Comment accompagnez-vous les personnes concernées par une exposition à l’amiante ?

BL : Nous aidons les personnes ayant été exposées à l’amiante dans leur démarche de reconnaissance de maladie professionnelle auprès de la CPAM, de la MSA et de la FIVA (Fond d’Indemnisation des Victimes de l’Amiante). C’est un droit pour les salariés. 397 dossiers ont ainsi été traités depuis la création de l’association et 106 sont actuellement en cours. Nous les accompagnons dans toutes leurs démarches administratives et juridiques.

Nous constituons également des dossiers visant à déclarer les entreprises ayant utilisées ou mis en œuvre de l’amiante comme Trailor, Solvay, la Cristallerie de Baccarat ou Alstom. Ce classement en « site amianté » permet aux employés d’avoir un départ anticipé à la retraite en vertu du dispositif ACCATA.

Martine Badina : Si l’entreprise n’est pas reconnue pour l’amiante, nous avons besoin de recueillir des témoignages d’anciens collègues pour certifier que la personne a bien été exposée à l’amiante. Nous travaillons également avec un réseau de médecins généralistes et spécialistes (des pneumologues)

  • Vous évoquez le préjudice d’anxiété, qu’est-ce que c’est ?

BL : Le préjudice d'anxiété (arrêt du 5 mars 2019) se définit comme un préjudice moral découlant d'une situation d'inquiétude permanente face au risque de déclarer à tout moment une maladie liée à une exposition à l'amiante. Il couvre l'ensemble des troubles psychologiques et de la reconnaissance d'un tel risque. Tous les salariés peuvent faire reconnaître le préjudice d’anxiété à leur employeur s’ils ont été exposés aux produits amiantés ou CMR (cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques).

MB : Nous travaillons avec un cabinet d’avocats spécialisés dans ce domaine pour défendre les dossiers. Aujourd’hui 500 dossiers sont devant les tribunaux pour faire reconnaître ce préjudice d’anxiété.

 

  • Abordons l’amiante, qu’est-ce que c’est et où le trouve-t-on ?

Dominique Leclerc : L'amiante est un matériau fibreux résistant à l’action du feu. En raison de ses propriétés en matière d'isolation thermique et acoustique, il a été intégré dans la composition de nombreux matériaux de construction, toiture, bardage, revêtement de sols, peintures, tuyauterie... Les fibres d'amiante sont constituées de filaments très fins, fragiles et invisibles dans les poussières. En raison de la dangerosité de ses fibres pour la santé, l’usage de l’amiante a été totalement interdit en France en 1997. Mais ce matériau est toujours présent dans de très nombreux bâtiments construits avant cette date.

BL : Nous le voyons bien aujourd’hui: l’amiante n’est pas un problème du passé, c’est un enjeu de santé publique pour aujourd’hui et pour demain. Lorsque les fibres d’amiante sont inhalées, elles se déposent dans les poumons et sont très difficiles à éliminer par l’organisme. Des expositions répétées peuvent provoquer des maladies respiratoires qui peuvent se déclarer jusqu’à 20 à 40 ans après l'exposition.

  • Comment est traité l’amiante de nos jours ?

BL : Les travaux de démolition contenant de l’amiante doivent d’être réalisés par des entreprises formées et certifiées. Mais ce n’est pas toujours le cas, on retrouve souvent des déchets d’amiante dans la nature parce que ce traitement représente un coût important pour les particuliers et pour les petites entreprises.

Nous nous battons aussi pour éradiquer l’amiante. Aujourd’hui il y a deux filières d’élimination possible de l’amiante : l’enfouissement dans un site spécialisé que l’on retrouvera dans 20 ou 30 ans après pour les générations futures et  cette solution ne pourra pas durer. Et la deuxième c’est la vitrification par une torche à plama crée par l’entreprise INERTAM à Morcenx dans les Landes, qui consiste à une neutralisation grâce à un procédé de très haute température, ce qui la rend inerte et réutilisable pour la réfection des routes par exemple. Malheureusement c’est le seul et unique site au monde. En novembre dernier nous avons rencontré les élus de la Région Grand Est et de la Communauté de communes du Territoire de Lunéville à Baccarat pour présenter ce nouveau procédé de recyclage et l’entreprise INERTAM.

  • Quelles précautions dois-je prendre si j’effectue des travaux chez moi et que je suis possiblement en contact avec de l’amiante ?

BL : Attention l’amiante, on ne la voit pas, on ne l’entend pas et on ne la sent pas. Avant d’entamer des travaux, il faut toujours s’interroger sur l’existence possible d’amiante. Vous trouverez des informations et conseils pour réaliser des travaux en toute sécurité dans ce document : Vous êtes un particulier.

 

POUR EN SAVOIR PLUS

ADDEVA 54 - 34 rue de Niderbronn 54300 LUNEVILLE

Contact Président Bernard Leclerc 06 15 99 11 79

addeva54@orange.fr